Créer une maladie, le cas SPPT

Dans ses recommandations pour la prise en charge de la maladie de Lyme en date du 20 juin 2018, la Haute Autorité de Santé introduit le concept de Symptomatologie / syndrome Persistant(e) Polymorphe après une possible piqûre de Tique (SPPT).

Ce qui fait débat :

Au delà de l’aspect purement sémantique qui tient à faire passer une chose vague (polymorphe) et utilisant le conditionnel (possible) pour définir une condition médicale, le véritable débat a lieu entre la société savante d’infectiologie qui ne reconnait pas de caractère chronique à la maladie de Lyme, c’est-à-dire que pour un infectiologue et d’après les données scientifiques établies ce jour on ne peut être que :

  • atteinte de la maladie de Lyme
  • non-atteint de la maladie de Lyme
  • guéri de la maladie de Lyme

Sans passer par un état que l’on pourrait qualifier d’intermédiaire de :

  • état faisant penser à une maladie de Lyme sans caractérisation positive de la maladie

C’est à ce dernier état que fait référence le syndrome introduit par le sigle SPPT dans les recommandations de la HAS, se mettant à dos les sociétés savantes (Académie de Médecine et société savante d’infectiologie) qui ne reconnaissent aucun travail scientifique ayant pu établir ce syndrome.

Les motivations des deux camps

Pour la société savante d’infectiologie et l’académie de médecine, il s’agit là d’une pure invention ouvrant la porte à des soins et investigations lourds, nombreux, coûteux et inutiles car n’ouvrant sur aucune caractérisation de maladie reconnue.

Pour la HAS il s’agit d’ouvrir la porte aux malades et associations de malades pour faire reconnaître un syndrome, dans le cadre d’une maladie actuellement mal connue et pour laquelle les moyens diagnostics sont relativement peu fiables, laissant parfois le doute entre un test faussement positif ou faussement négatif.